• Malgré l'heure tardive et une fatigue errassante je ne puis m'empêcher de rédiger ce post.

    Je viens de voir un documentaire sur la pureté imposée aux femmes Juives et les bains la symbolisant.

    Etrange, cela me perturbe, me dérange, mais paradoxalement me semble "naturel". Je sais que ce qualificatif n'est pas le bon. Je ne sais décrire ce sentiment, juste dire que je me sens familliaire à ces lois sans les connaître précisément ni les pratiquer.

    Et oui, le sexe comme la période des règles a bien été longtemps pour moi aussi synonyme d'impuretés, de souillures et de CULPABILITé... étonnent ? Je ne pense pas.
    Déjà à l'âge de vingt-trois ans, il n'y a même pas cinq ans de cela j'écrivais ceci à ma mère :

    « Maman » ... « maman » ...
    Un simple mot qui résonne en moi ... quelques lettres possédant tant de poids ...

    Cet assemblage de syllabes formant ce symbole d'amour dans un langage familier ne cesse de m'interpeller, de me miner ...

    Je voudrais tant l'employer, le crier ...

    L'appeler ... la nommer de la sorte ... et ainsi espérer la découvrir fuyant sa froideur, me soutenant les épaules et affirmant que prochainement je retrouverai le calme, peut-être pas le bonheur , tout au moins une certaine tranquillité ...

    Je souhaiterais tellement compter ce mot parmi ceux de mon vocabulaire, ne plus entendre ma voix résonner lorsque timidement, la gorge nouée j'ose le prononcer ... ne plus me heurter à cette aigreur qui la définit avec tant de réalité ...

    « Maman, maman ... » , « J'ai besoin de toi, maintenant, et plus qu'à n'importe quel autre moment. » Besoin de te voir, de te parler ... de me confier ; mais aussi de me sentir écoutée, rassurée ...

    Que tu me répètes que tes expériences vont me profiter, que ton passé bâtira mon futur, bref, que tes chutes préviendront les miennes...

    En fait, je vais être franche et enfin consentir que la peur peut également me gagner, que j'ai besoin de points de repères et parfois d'être orientée, guidée : de bénéficier d'un avis maternelle, de converser de toutes ces choses qui lient une mère et sa fille, de toutes ces choses qui ne se disent que de mère à fille, d'accéder à tous ces conseils et préventions qui nous permettent de franchir le cap ...

    Lorsque la fillette devient femme ...
    Lorsque la demoiselle se voudrait belle ...
    Lorsque la jeune fille devient maîtresse ...
    Lorsque ta fille voudrait sa propre famille ...
    Oui, lorsque ...

    Aujourd'hui, je te voudrais proche, pour contre toi, m'effondrer, hurler, t'imposer mes questions, te soumettre mes angoisses qui sont que l'inévitable conséquence de ce dialogue que nous n'avons jamais entamé ...

    Te rappelles-tu le jour de mes premières règles ?
    J'en doute, tu étais là ce samedi, face à moi telle une étrangère ...
    Pourquoi ne m'as-tu rien expliqué, jetée en proie avec ma crédulité ...

    Tu ne t'imagines pas les longs mois passés effrayée, sans cesse craintive de me rendre aux toilettes pensant encourir un quelque risque de grossesse, quand ce n'était l'abandon total de la salle de bain pensant que le contact avec l'eau allait accentuer les douleurs menstruelles tout comme le jus d'orange !

    T'imagines-tu qu'une semaine par mois je ne pouvais me rendre aux cours de natation m'imaginant qu'à l'instant où je m'immergerais dans l'eau je n'aurais été qu'une épave noyée dans son sang ?

    As-tu conscience de la répercussion que cela eu sur l'image que me renvoyait le miroir à l'époque ?

    Je devais déjà fuir mon corps que je ne pouvais plus prétendre masculin suite aux différentes transformations pubères, et comme si ce n'était suffisamment éprouvant, il fallait que tu y ajoutes un sentiment, une réelle impression, de souillure accru par toutes ces vieilles superstitions de grands-mères dans lesquelles tu me laissais baigner.

    Un sentiment que je ne savais combattre que par un dégout total de la gent féminine, de ses caractéristiques, de tout ce qui la symbolisait.

    Je me rappelle même m'être sentie totalement honteuse lorsque peu de temps après ce fameux premiers jours, une de mes copines me surprenant à me rendre aux toilettes pendant l'entraînement me dit en riant : « Val, tu n'as quand même pas déjà tes règles ! » ; et sans grande surprise, prise d'une gène indescriptible je lui répondis : « Mais non ! ».

    Je me souviens d'ailleurs sans efforts que quand j'étais indisposée et devais loger chez Mamy, je n'osais employer ces poubelles, et dissimulais un sachet qui m'était personnel et réservé à cet usage ...

    A nouveau convaincue de perdre une personne que j'aimais si elle découvrait mon récent changement.

    Peux-tu te remémorer la réaction qu'elle eu en découvrant mon petit manège ?
    Devenir féconde signifiait-il vivre désormais dans le déshonneur, l'infamie : une turpitude totale ?

    Je le croyais ...

    Ton silence me l'enseignait ...  

    Mais elle, cette maman, « ta » maman, fut tellement étonnée de me voir installée dans un tel état de panique qu'elle endossa tes responsabilités et m'expliqua ...

    Elle m'expliqua que ce n'était nullement parce que mon système hormonal évoluait que j'allais tomber enceinte en regardant un garçon dans la rue, ou en allant au cinéma, elle me démenti le fait que cela signifiait l'âge des premiers rapports sexuels, ainsi que l'authenticité de ces nombreuses fables qui m'enfermaient dans un véritable donjon d'anxiété.

    Combien de siècles m'aurais-tu laissée traverser avec ces idées moyenâgeuses ?

    De quel nombre de personne m'aurais-tu permis de m'éloigner ?

    Tel comportement était-il dicté par la peur d'admettre que ta petite fille en devenait une plus grande ?

    (...)

    Je dois avouer que depuis les choses n'ont guère beaucoup évoluées, je suis toujours prisonnière de ce corps de femme et de ses attributs la distinguant de l'enfant.

    Je n'ai pas connu des dizaines d'hommes dans ma vie, et jusqu'à B. ce fut toujours un véritable fiasco pour ma part au niveau des relations charnelles.
    Non pas qu'ils étaient brutaux, sans amour mais simplement parce que tel on me l'avait enseigné, tu me l'avais enseigné, c'était un devoir, et le plaisir:un vice de celle qu'on nomme filles de joie, et réservé à l'homme d'ailleurs, pour eux, tout était "parfait" , il n'avaient même rien à redire.
    Bonne actrice visiblement !

    Chaque rapport était un cauchemar dessiné de douleurs, de culpabilité, d'un sentiment de souillure, puis encore de culpabilité.

    Et oui, jusqu'à l'année passée je n'ai jamais vécu autrement, pour y retomber aujourd'hui.
    Avec B. ces sentiments avaient totalement disparus.
    Non seulement "il remit l'église au milieu du village" mais surtout son statut d'époux légitimait le partage de nos corps.
    Je n'avais plus de honte de vivre cet acte devenu le plus beau moment d'amour, pas une fois je n'eus envie de m'y soustraire, pire encore, je l'attendais avec impatience, je désirais l'homme qui partageait mon lit.
    Inutile dès lors de préciser que ces instants charnels furent d'autant plus beaux et forts lorsque nous décidiâmes d'enfanter.

    Quelle belle image que nos corps nus enlacés.

    Qui l'eut cru... j'aimais sentir nos peaux chaudes collées l'une à l'autre, nos soupirs s'envoler vers les cieux, nos regards se perdre dans la certitude, bref, nous étions telle une icône évanlique.
    Là je compris que cet acte ne s'appelait pas "faire l'amour" sans raison, aucun autre mot n'aurait pu mieux le décrire.

    La nudité n'était plus laide ni sâle mais belle, innocente et sans vulgarité. Le contact de nos corps : une fusion... abandon total à l'autre, la plus belle des communications entre un homme et une femme.

    Sa nudité n'était plus une agression, la mienne devenait volupté.
    Parlant de mes relations il fut surpris, surpris qu'ainsi involontairement il me fit le plus beau des compliments : " je ne comprends pas tes complexes, je n'ai jamais vécu tel moment, tu es tellement VIVANTE"...

    VIVANTE... j'aimerais tant l'être encore à ce jour.
    J'ai beau avoir compris que c'était une chose merveilleuse, mes entrailles en ont décidé du contraire.
    La semaine dernière, j'ai accepté de partager mon lit avec un homme, solitude ou défit, je l'ignore. Tout en est que rapidement nos corps se sont frôlés, et là... l'horreur, la culpabilité revenue à la vitesse v v prime.
    Pourquoi ?

    Je l'ignore.

    Depuis ce jour j'y réfléchis, car ayant compris qu'il n'y arrivait rien de malsain le résultat fut aussi désastreux que lors de ma première fois, même si aucun rapport sexuel n'eut lieu, juste quelques calins.

    Je me retrouve dans une atmosphère semblable à celle de mes seize ans où j'en arrive à me demander si je serais encore capable de faire l'amour.

    Je l'espère et me rassure en me disant que ce n'est qu'une question d'amour et surtout de respect vis-à-vis de moi.
    Que jamais je ne pourrais offrir mon corps pour une passade.
    Que mon inconscient à adopter et pris le dessus pour ne pas trahir la promesse que je me suis faite : nombre d'hommes ne connaîtront mon corps, il faudra le mériter.

    Et puisque je suis la seule responsable de ce corps, je me dois de le protéger et de veiller à son bien être.
    Certains me diront coincée, peut-être frigide même, mais je sais grâce à ma relation d'avec B. que ce n'est nullement le cas.

    Je n'ai donc, je pense, aucun souci à me faire mis à part et avec certitude celui de respecter ce corps comme il se doit : le respecter, c'est me respecter.

    D'ailleurs papa et moi en avons parlé il y a peu, et sans lui détailler ma vie intime, il m'a confirmé que femme et homme était drôlement différents face à la sexualité, et que la gent féminine y avait nombre de "désavantages" tout en me précisant qu'une certaine réserve et pudeur n'était pas obstacle à une sexualité épanouie.

    Preuve en est, je l'ai vécue et partagée avec B.

    Inutile donc de me reconstruire une tour inaccessible à quiconque, l'amour et l'instinct emmèneront mon compagnon et moi vers un partage physique formidable et intense.

    Allez, zou, j'abrège, l'heure perturbe la cohérance de mon post et la fatigue risquerait d'altérer la pensée et l'état que je voudrais transmettre.

    Affaire à suivre... !!!


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  • Il me restera de la lumière
    Il me restera de l'eau, du vent
    Des rêveries sucrées, d'autres amères
    Et le mal au cœur de temps en temps
    Il me restera des souvenirs
    Des visages et des voix et des rires
    Il me restera du temps qui passe
    Et la vie, celle qui fait mourir

    Il me restera ces choses qu'on amasse
    Sans y penser, sans y compter, sans savoir
    Quand on vit fort, on vit sans mémoire
    Mais elle prend des photos sans qu'on sache

    Il me restera de longs silences
    Longues secondes au passé, tristesse
    Il me restera aussi Valence
    Ici, naquit un peu de tendresse
    Il me restera deux, trois bricoles
    Une épingle, un parfum oubliés
    Un disque, un vieux bouquin, des babioles
    Mais que je ne pourrai pas jeter

    Il me restera ces choses qu'on amasse
    Sans y penser, sans y compter, sans savoir
    Quand on vit fort, on vit sans mémoire
    Mais elle prend des photos sans qu'on sache

    (J.G.)


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  • Rouge
    Comme un soleil couchant de Méditerranée,
    Rouge
    Comme le vin de Bordeaux dans ma tête étoilée,
    Rouge
    Comme le sang de Rimbaud coulant sur un cahier,
    Rouge
    Comme la mer qui recouvre le désert de Judée.
    Rouge
    Comme les joues d'un enfant quand il a trop joué,
    Rouge
    Comme la pomme qui te donne le parfum du péché,
    Rouge
    Comme le feu du volcan qui va se réveiller,
    Rouge
    Comme cette étoile au cœur de ce dormeur couché.

    Comme un oiseau tué par un chasseur tragique,
    Comme un acteur blessé par les cris du public,
    Comme un violon brisé qui rejoue l'Héroïque,
    Comme la vision glacée du dernier Titanic.

    Rouge
    Comme le feu des Tziganes quand les violons s'affolent,
    Rouge
    Comme un phare de signal quand un avion s'envole,
    Rouge
    Comme les lèvres d'une femme quand l'amour la rend folle,
    Rouge
    Comme le front du menteur qui trahit sur parole.

    Comme un oiseau tué par un chasseur tragique,
    Comme un acteur blessé par les cris du public,
    Comme un violon brisé qui rejoue l'Héroïque,
    Comme la vision glacée du dernier Titanic,
    Comme le silence qui suit les paroles en musique,
    Comme une symphonie quand elle est Pathétique.

    Rouge
    Comme la colère d'un homme quand il voit s'en aller,
    Rouge
    Tout ce qu'il a construit, tout ce qu'il a aimé,
    Rouge
    Comme le manteau du Christ que les soldats ont joué,
    Rouge
    Comme la couleur du ciel quand il va s'écrouler.

    Comme un oiseau tué par un chasseur tragique,
    Comme un acteur blessé par les cris du public,
    Comme un violon brisé qui rejoue l'Héroïque,
    Comme la vision glacée du dernier Titanic,
    Comme le silence qui suit les paroles en musique,
    Comme une symphonie quand elle Pathétique

    (M.S)


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